La conquête
lundi 4 décembre 2006
par toutsurlechili

C’est au sortir du Moyen-Âge que l’Europe, qui avait déjà eu des ouvertures sur un monde différent au travers des croisades, va établir des relations commerciales de plus en plus intenses avec l’Orient. On en rapporte des épices, des soieries, des bijoux et des mythes...

A la fin du xve siècle, l’Espagne, unifiée sous la férule des Rois Catholiques, ayant enfin réussi à se débarrasser des Maures, commença à vouloir prendre part à cette expansion vers l’Orient. On trouvait dans la noblesse espagnole d’alors, la haute noblesse possédant terres, richesses et renommée, mais aussi une petite noblesse, pauvre, dont la figure principale est l’hidalgo (noble espagnol). Cet hidalgo, bien que parfois affamé, est animé d’idéaux élevés. Dans la conquête, il va chercher à la fois gloire et fortune. Il serait cependant faux de croire que la conquête fut seulement l’affaire des nobles espagnols. De nombreux aventuriers « du petit peuple » y participèrent dans l’espoir de trouver en Amérique une vie meilleure et d’accéder eux-mêmes à un statut social similaire à celui de la petite noblesse.

Conquistadors Les conquistadors étaient investis, en dehors de leur esprit d’aventure, d’une double mission : servir leur roi mais diffuser la foi chrétienne. D’ailleurs de nombreux prêtres, chargés d’évangéliser les Indiens, accompagnèrent les expéditions.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, si la couronne d’Espagne encouragea et régula la conquête, ce n’est pas elle qui la finança. Généralement un contrat était passé entre le roi et le capitaine d’une expédition précisant les droits et les devoirs de chaque partie. Le monarque indiquait le territoire à conquérir et concédait des privilèges divers au chef de l’expédition. Celui-ci, en échange, s’engageait à la financer et à la mener à bien. La plupart du temps, après avoir vendu ses maigres biens, il cherchait des « sponsors » et contractait des prêts auprès de riches commerçants. Chaque soldat engagé dans l’aventure apportait aussi ce qu’il pouvait : ses armes, son cheval s’il en possédait un, etc.

C’est ainsi que commença cette immense œuvre de conquête qui, compte tenu de l’ampleur du territoire couvert, fut réalisé en très peu de temps.

Christophe Colomb, convaincu de la rotondité de la terre, pensait pouvoir atteindre l’Asie en quelques semaines de navigation, en mettant le cap à l’ouest. Mandaté par la cour d’Espagne, il partit avec ses trois caravelles, du petit port espagnol de Palos, pour atteindre les Antilles (San Salvador, puis Cuba et Haïti) le 12 octobre 1492, persuadé d’avoir touché les terres asiatiques.

Il réalisa encore trois voyages dans cette région du monde, sans jamais démordre de son idée première.

Quelques années plus tard, à l’aube du xvie siècle, un navigateur du nom d’Amerigo Vespucci dirigea par deux fois des expéditions de reconnaissance vers la côte aujourd’hui brésilienne. Il fut alors convaincu qu’il s’agissait là d’un nouveau continent encore inconnu, qui n’avait rien à voir avec l’Asie. Le récit de ses voyages fut imprimé, largement traduit et connut une grande vogue parmi les savants européens. Un premier cartographe utilisa son prénom pour désigner ce nouveau continent. Son exemple fut suivi par beaucoup d’autres : l’Amérique était baptisée !

Le premier Européen à toucher la terre chilienne fut le navigateur portugais Magellan lorsqu’il traversa en 1520 le détroit qui porte aujourd’hui son nom. Son expédition, mandatée par Charles Quint, était chargée de découvrir un passage vers les Indes à travers le Nouveau Continent qui paraissait s’interposer comme une barrière infranchissable entre l’Europe Occidentale et l’Asie. Il y réussi et établit, du même coup, le profil de l’extrême sud du continent américain.

Mais le Chili, protégé au nord par le désert d’Atacama et à l’est par les Andes redoutables allait rester vierge de toutes occupations européennes encore quelques années.

Parti des Caraïbes, les conquistadors avancèrent par étapes successives vers le sud du continent. En toute logique, la conquête du Chili partit donc du Pérou et, plus précisément, de Cuzco . Elle fut longue et difficile.

La première tentative fut un échec. Les Incas, habilement, firent courir le bruit qu’au sud, toujours plus au sud, se trouvaient des richesses fabuleuses. Diego de Almagro, alors en concurrence avec Pizarro pour la possession de Cuzco, décida de tenter sa chance vers le Chili. Il partit, avec 500 hommes, à travers l’altiplano bolivien, passa la cordillère pour arriver finalement, après un voyage extrêmement long et des souffrances inouïes, dans la vallée de Copiapo en 1536. Certains de ses hommes firent un reconnaissance jusqu’à la baie de Valparaiso et jusqu’à la rivière Itata où ils se heurtèrent pour la première fois aux Mapuches. Au lieu des trésors escomptés, ils ne rencontrèrent qu’hostilité, naturelle ou humaine. Pleins de désillusion, ils repartirent vers Cuzco, empruntant cette fois-là la route du désert.

Deux ans plus tard, l’un des plus fidèles capitaine de Pizarro, Pedro de Valdivia, va se lancer à nouveau à la conquête du Chili. Il a alors 40 ans.

Pedro de Valdivia Pedro de Valdivia Avec l’aval de Pizarro, il prépara dons une nouvelle expédition. Mais les déboires d’Almagro avaient laissé une mauvaise impression parmi les conquistadors et il ne réussit à réunir qu’une douzaine d’Espagnols, dont Iñes de Suarez, sa compagne au tempérament d’aventurière elle aussi, et quelques Indiens. Malgré ce nombre dérisoire, Valdivia ne se laissa pas abattre et la minuscule troupe quitta Cuzco en janvier 1540. Ils empruntèrent la route qu’avait suivie Almagro pour revenir, celle du désert. Le long du chemin, quelques capitaines d(autres expéditions malheureuses, se joignirent à eux. Finalement, après un an de voyage, la colonne expéditionnaire, qui comptait alors 154 Espagnols, arriva dans la vallée de Mapocho.
Valdivia assit très vite les bases de la nation chilienne, fondant Santiago en 1541, La Serena en 1544, Concepcion en 1550 et Valdivia en 1552.

Les premières années furent très dures : pauvreté, isolement, conspirations continuelles et surtout soulèvements incessants des Indiens. Il fallut obtenir des renforts du Pérou. Valdivia lui-même, ainsi que certains de ses capitaines, firent plusieurs voyages dans ce but. A la longue cela fut fructueux : de nouveaux contingents arrivèrent, accompagnés d’importants renforts matériels, mais surtout la couronne d’Espagne donna le titre officiel de Gouverneur du Chili à Pedro de Valdivia.

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